Sur les réseaux sociaux, beaucoup de photos de profil s'ornent d’un "je reste chez moi" ; "je sauve des vies, je reste chez moi" ; "restons chez nous" ! Et pendant ce temps, par peur du regard d’autrui, d’autres sortent de chez eux, presque en catimini, n’osant même pas avouer qu’ils sortent ou dire quoi que ce soit pouvant laisser supposer qu’ils sont sortis...
Or, dans la réalité, combien d’entre nous acceptent ou ont accepté de rester véritablement confinés 24h / 24 depuis le 17 mars dernier ? Bien peu en réalité. Et c'est bien légitime. .
C’est un fait, bien que possédant, pour la plupart, (du moins ici à Montélimar) terrasse, balcon, cour ou même jardin, bien peu de citadins se résignent à rester enfermés chez eux. Or, si certains d'entre eux reconnaissent bien volontiers être privilégiés, d’autres montrent du doigt ceux qui, vivant en appartement, assument leur besoin de sortir pour aller s’aérer une petite heure (parfois même moins) dans le périmètre défini et qui plus est, dans les conditions autorisées. En effet pour eux, ce sont ceux-là qui, par leur indiscipline, sont responsables de la propagation du virus oubliant au passage, qu’eux-mêmes trouvent de multiples prétextes pour justifier leur propre besoin de sortir… (aller chercher le pain ou le journal tous les jours, promener le chien, se découvrir un besoin impérieux d'aller courir, se préoccuper soudainement du sort d’une “amie” ou d’une personne âgée isolée ; bref, les justifications ne manquent pas).
Pendant ce temps, parmi ceux qui vivent à la campagne, et parfois même au coeur d’une propriété de plusieurs hectares, le même phénomène se produit. Il y a ceux qui compatissent et d’autres qui s’en prennent vertement à tous ces citadins "qui ne sont pas foutus de rester enfermés quelques jours dans leur appartement pour le bien être de tous" !
Quant à ceux qui sont montrés du doigt, beaucoup se révoltent, se comparent et envient ceux qu'ils estiment mieux nantis qu'eux...
Bref, chacun reporte sur l'autre les raisons de son mal-être, de sa culpabilité voire de sa frustration...
Oui, c’est un fait, certains ont la chance de pouvoir évoluer dans un cadre de vie permettant de traverser ce confinement de manière plus douce ; et alors, où est le problème ?
Et si certains, moins “chanceux”, éprouvent le besoin de sortir de chez eux pour rendre ce confinement plus supportable, méritent-ils pour autant d'être montrés du doigt ?
Il ne nous appartient pas de juger de la manière dont tel ou tel se comporte.
En revanche, nous avons à nous interroger sur la manière dont, nous, nous nous comportons.
Peut-être même qu’alors, nous découvrirons avec stupeur, que nos propres comportements sont parfois plus lourds de conséquences que ceux d’autrui…
Alors, je m’interroge : et si ce temps de confinement nous invitait justement à nous affranchir du regard de l'autre ? Autrement dit, à faire nos choix non pas en fonction de ce que l'autre peut penser de nous mais véritablement en notre âme et conscience et donc en fonction de ce que l'on ressent comme profondément juste pour soi et pour l'autre
Pourquoi ne pas profiter de ce temps de confinement pour,
- - nous recentrer sur nous-mêmes…
- - regarder tout ce que nous avons à disposition…
En fait, je pense que ce que nous sommes appelés à vivre n'est pas anodin.
C'est comme si nous étions invités à relativiser ce qui nous paraissait jusqu’ici si important pour revenir à l’essentiel, à ce qui nous tient vraiment à coeur...
Il y a tant de petites choses auxquelles nous ne prêtions même plus vraiment attention et qui, peu à peu, retrouvent une certaine saveur.
Moralité : oui, il est évident que ce confinement est anxiogène car, bouleversant nos habitudes, il nous conduit à perdre tous nos repères et pousse à sortir de notre zone de confort.
Mais, qui sait ? Peut-être aura-t-il le mérite de nous permettre de revenir à une façon de vivre, plus simple, plus vraie....
En tout cas si, le vivant dans la résignation, nous reportons sur les autres la responsabilité de notre frustration, ce temps de confinement nous paraîtra long, très long...
En revanche si, lâchant prise, nous entrons dans l'acceptation, il sera vécu de manière confiante, sereine, apaisée.
© Christine Coulon - 12 avril 2020 - Tous droits réservés